L’énergie changeante et la dynamique géopolitique incitent la Chine à revoir son implication au Moyen-Orient, mais son appétit pour un engagement plus profond en matière de sécurité reste limité. Sommaire La baisse des prix mondiaux du pétrole, due à l’augmentation de l’offre et au ralentissement de la demande, depuis la mi-2014 a été une aubaine économique pour la Chine. La facture d’importation du premier acheteur mondial de pétrole brut a plus que diminué de moitié en l’espace d’un an. Dans le même temps, avec le ralentissement de la croissance intérieure de la demande de pétrole, Pékin a pu acheter plus de pétrole à des prix plus bas afin d’augmenter ses réserves stratégiques de pétrole. Compte tenu du besoin réduit des États-Unis en importations de pétrole, grâce à la révolution du «pétrole serré», davantage de producteurs ouest-africains et latino-américains sont en concurrence avec les fournisseurs traditionnels chinois du Moyen-Orient pour la part de marché. Même dans le Golfe, la domination de l’Arabie saoudite en tant que fournisseur du marché chinois est remise en question par l’Irak et l’Iran, qui augmentent progressivement leur production. Les décideurs chinois considèrent toujours la forte dépendance du pays à l’égard du pétrole importé comme une source de vulnérabilité. L’instabilité dans le Golfe, qui fournit la moitié des importations chinoises, est une préoccupation constante pour Pékin. Dans le même temps, le besoin en baisse des États-Unis pour le pétrole du Moyen-Orient soulève des questions sur la participation plus large de Washington dans la région et sa volonté de stabiliser la production de pétrole là-bas. Ces dynamiques énergétiques et géopolitiques changeantes incitent les décideurs chinois à revoir la participation de leur pays au Moyen-Orient. L’augmentation des importations de pétrole, combinée aux plans ambitieux de politique étrangère de Pékin, ouvre la voie à un engagement commercial et diplomatique plus approfondi. Les producteurs du Golfe se tournent également de plus en plus vers l’est pour accroître leurs exportations, car ils cherchent à tirer parti en particulier de l’essor économique et géopolitique de la Chine. Alors que la Chine continuera d’étendre son empreinte commerciale au Moyen-Orient, son appétit pour un engagement plus approfondi en matière de sécurité reste limité. Contrairement à de nombreuses représentations des relations naissantes de la Chine avec le Moyen-Orient, Pékin a maintenu des liens avec la région depuis les années maoïstes. Pékin est donc conscient des complexités politiques et sécuritaires de la région et voudra garder ces questions à distance.
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